Zoé est atteinte d’une spondylarthrite ankylosante. Chaque jour depuis 8 ans, son corps a du mal à coopérer. Pourtant, Zoé refuse de se laisser abattre. Elle sait que la douleur est là, mais elle a aussi pu remarquer que le soutien de ses proches fait toute la différence. Son compagnon, ses amis et même le groupe de patients qu’elle a rejoint en ligne sont devenus des piliers dans son quotidien. Mais qu’est-ce qui explique que cela puisse être si utile ? Prenons le temps d’explorer ce qu’est le soutien social, et pourquoi c’est important d’en recevoir quand la santé n’est pas de notre côté.
Qu’est-ce que le soutien social ?
Le soutien social, c’est le fait de se sentir aimé, apprécié et entouré par des personnes sur qui l’on peut compter. Il repose sur des relations où chacun s’entraide et se soutient mutuellement. L’humain étant une animal social, nous avons tendance à nous diriger vers autrui lorsque nous vivons des évènements de vie stressants.
Il en existe plusieurs types [1][2]:
Le soutien émotionnel, qui consiste à écouter, réconforter, partager des expériences pour se sentir compris et soutenu.
Le soutien instrumental qui correspond à des aides concrètes dans les tâches du quotidien (courses, déplacements, tâches ménagères).
Le soutien informationnel, qui est axé sur la transmission de connaissances, d’informations et de conseils.
Le compagnonnage, qui donne à l’autre un sentiment d’appartenance, en partageant avec lui des activités sociales communes.
Pour une personne atteinte de maladie ou de douleur chronique, ces différents soutiens peuvent s’avérer extrêmement importants dans la gestion de nos symptômes et de notre moral [3].
Quelques effets bénéfiques du soutien social
Les recherches indiquent que le soutien social diminue le stress et de l'anxiété. En effet, être entouré par des personnes bienveillantes tend à réduire la détresse psychologique qui peut être associée à la douleur chronique. Cela peut également nous aider à avoir une meilleure régulation de nos émotions, car échanger avec des proches ou d'autres patients permet d'exprimer notre ressenti et de trouver du réconfort. On retrouve aussi chez les personnes recevant suffisamment de soutien social une diminution des affects dépressifs [4].
Sur le plan des douleurs, celles-ci sont perçues comme moins importantes et nous observons également une augmentation de la motivation à suivre les recommandations médicales et une meilleure adhésion aux traitements [5].

La science derrière tout cela
Comment cela marche précisément ? D’abord, le soutien social réduit l’activation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, ce qui limite ainsi la production excessive de cortisol, une hormone du stress associée à l’aggravation de la douleur. Il stimule la libération d'ocytocine, souvent appelée "l’hormone de l’attachement", qui quant à elle favorise la détente et atténue la sensation de douleur. Les contacts chaleureux et les interactions positives, contribuent quand à eux à atténuer la douleur en générant des endorphines [6].
Recevoir du soutien influence également l’attention et la perception : un environnement social positif permet de détourner l’attention de la douleur et modifier la manière dont elle est ressentie [7]. L’estime de soi [8] et le sentiment de contrôle [9] se retrouvent également renforcés : être soutenu permet de faire plus facilement face à la maladie et de développer plus facilement des stratégies pour vivre avec.
Faisons le point
Évidemment, cette notion de soutien social est subjective, c’est à dire qu’elle varie d’un individu à un autre en fonction de ce qui est attendu et de ce qui est effectivement apporté par l’entourage. Il convient donc de faire la différence entre soutien reçu et soutien perçu. Le soutien perçu fait référence à l’idée que l’on se fait selon si autrui offrira (ou a offert) une aide efficace en cas de besoin. Le soutien reçu fait référence aux actions de soutien précises et définies (par exemple, conseils ou réconfort) offertes par autrui en cas de besoin de la personne bénéficiaire.
Cela amène donc à se demander dans notre situation : est-ce que Zoé a l’impression de recevoir du soutien ? En tout cas, elle a bien reçu les propositions d’Hugo pour l’accompagner.
La question se pose également pour vous lecteurs, avez-vous l’impression de recevoir du soutien social ? Cela peut toujours être utile de se poser et de réfléchir à cette question. Et pour un prochain article, nous pourrons voir ensemble comment faire en sorte de recevoir plus de soutien, et que celui-ci soit vraiment adapté à vos besoins.
En attendant, on espère que la virée cinéma d’Hugo et Zoé leur fera du bien à tous les deux.
On se dit à la prochaine !
Pour aller plus loin :
[1] Wills, T.A. (1991). Margaret, Clark (ed.). "Social support and interpersonal relationships". Prosocial Behavior, Review of Personality and Social Psychology. 12: 265–289
[2] Wills, T.A. (1985). "Supportive functions of interpersonal relationships". In S. Cohen; L. Syme (eds.). Social support and health. Orlando, FL: Academic Press. pp. 61–82.
[3] Gong, C., Shan, H., Sun, Y. et al. Social support as a key factor in chronic pain management programs: a scoping review. Curr Psychol 43, 25453–25467 (2024). https://doi.org/10.1007/s12144-024-06233-9
[4] Franqueiro, A.R., Yoon, J., Crago, M.A., Curiel, M., Wilson, J.M. The Interconnection Between Social Support and Emotional Distress Among Individuals with Chronic Pain: A Narrative Review. Psychol Res Behav Manag. (2023) Oct 27;16:4389-4399. doi: 10.2147/PRBM.S410606. PMID: 37915959; PMCID: PMC10617401.
[5] Brabers, A.E.M., de Jong, J.D., Groenewegen, P.P. et al. Social support plays a role in the attitude that people have towards taking an active role in medical decision-making. BMC Health Serv Res 16, 502 (2016). https://doi.org/10.1186/s12913-016-1767-x
[6] Pearce E, Wlodarski R, Machin A, Dunbar RIM. Variation in the β-endorphin, oxytocin, and dopamine receptor genes is associated with different dimensions of human sociality. Proc Natl Acad Sci U S A. 2017 May 16;114(20):5300-5305. doi: 10.1073/pnas.1700712114. Epub 2017 May 1. Erratum in: Proc Natl Acad Sci U S A. 2017 Jun 13;114(24):E4898. doi: 10.1073/pnas.1708178114. Erratum in: Proc Natl Acad Sci U S A. 2019 Oct 29;116(44):22410. doi: 10.1073/pnas.1917121116. PMID: 28461468; PMCID: PMC5441808
[7] Che, X., Cash, R., Ng, S.K, Fitzgerald, P., Fitzgibbon, B.M. A systematic review of the processes underlying the main and the buffering effect of social support on the experience of pain. Clin J Pain. 2018;34(11):1061–76.
[8] Karraker, Ashley (2012) "The Relationship between Social Support and Self-esteem,"Undergraduate Psychology Research Methods Journal: Vol. 1 : Iss. 14 , Article 6
[9] Johnston, J. H., Brosi, W. A., Hermann, J. R., & Jaco, L. (2011). The Impact of Social Support on Perceived Control Among Older Adults: Building Blocks of Empowerment. The Journal of Extension, 49(5), Article 20. https://doi.org/10.34068/joe.49.05.20