Prendre soin de soi, est-ce si facile que ça ?
Aujourd'hui, on va parler du plus grand "y'a qu'à, faut qu'on" de la psychologie de la santé : les comportements de santé.
Manger équilibré, faire du sport, dormir suffisamment, éviter le stress… Nous savons tous ce qu’il faudrait faire pour prendre soin de notre santé. Pourtant, il est souvent difficile de mettre en place ces fameux comportements de santé de manière durable. Nous verrons dans cet article en quoi cette tâche n'est pas aisée, et pourquoi nous ne devrions pas nous sentir coupable de ne pas y arriver.
Les comportements de quoi ?
Un comportement de santé est une action ou une habitude qui contribue à améliorer ou à maintenir un bon état de santé. Il existe des comportements positifs, comme le fait de manger équilibré et de faire de l’activité physique, et des comportements négatifs, comme le tabagisme ou la consommation excessive d’alcool.
Facile alors, il n’y a plus qu’à !
En lisant ces premières phrases, on peut se dire “ah mais oui, c’est évident, alors c’est parti, il n’y a plus qu’à !”. C’est en réalité beaucoup plus complexe que ça.
Tous nos comportements existent dans un contexte et sont précédés de pensées et d’émotions. Pour revenir sur les bases de ce sujet-là, vous pouvez jeter un œil à cet article :
Ainsi ces comportements sont directement influencés par notre environnement. En effet, difficile d’aller chez le médecin dans un désert médical, de bien manger quand l’alimentation coûte cher, et de ne pas fumer dans une société où le tabac est omniprésent.
Le stress, la fatigue et nos émotions jouent également un rôle majeur dans l’émission ou non de ces comportements. C’est pour ça qu’il est d’autant plus simple de manger une bonne pizza réconfortante plutôt que le plat équilibré que nous avions prévu lorsque nous sommes en situation de difficulté émotionnelle.
C’est d’ailleurs d’autant plus vrai si cela est appuyé par ce que nous avons appris depuis l’enfance. Le fait d’avoir eu un parent qui banalisait la consommation d'alcool peut nous amener à banaliser cette consommation pour nous également. Mais de manière plus générale, nos propres croyances personnelles vont y jouer pour beaucoup. Le fait d’adhérer à la pensée ”une petite cigarette de temps en temps ne fait pas de mal” est malheureusement plus délétère qu'il n'y paraît.
Dans ce cas alors… Faut qu’on change ça !
Même s’il est bien d’analyser en quoi notre contexte peut nous jouer des tours, il y a d’autres éléments personnels qu’il convient de prendre en compte avant de se donner des injonctions à l’idée de mieux faire.
Notamment le fait qu’entre choisir une récompense immédiate et faire des efforts pour obtenir une récompense dans plus longtemps…. La solution peut être vite choisie ! C’est un des problèmes des comportements de santé : ils offrent souvent des bénéfices à long-terme et sont coûteux en termes d’efforts. Et faire des efforts, ce n’est pas forcément accessible à tous.
C’est d’autant plus vrai que nos vies sont bien remplies. Nous travaillons, entretenons nos relations, essayons de jongler pour tout faire rentrer dans notre planning… Et ça, c’est quand il n’y a pas de difficultés liés à la santé ! C’est donc bien normal après tout cela que nous choisissions de nous reposer plutôt que de faire ces mille autres activités qui sont dites “bonnes pour nous”. Nous n’avons pas une énergie illimitée, il est donc normal de choisir ses combats : peut-être que celui contre la sédentarité ou le tabagisme peut donc attendre, et cela est compréhensible.
Nos comportements sont d'ailleurs souvent automatiques, et nous pouvons aussi y trouver une certaine forme de confort. Si nous avons pris l’habitude de grignoter devant la télé avec la personne que nous aimons, il devient difficile de casser ce schéma du jour au lendemain. Et puis d’ailleurs, prendre le risque de ne plus avoir ce moment, cela peut même être une très mauvaise idée !
Une énième question de pression sociale
En vérité, qui d’autre que nous-même sait ce qui est le mieux pour nous ? Si nous reprenons ce dernier exemple, peut-être que ce moment de grignotage avec notre partenaire est le seul moment de qualité que nous avons dans la journée ! C’est peut être aussi notre seul moment de détente ou de lâcher-prise. Ainsi, si nous laissons trop de place à ces injonctions sociales, elles peuvent devenir néfaste.
Car bien évidemment dans un monde idéal, tout le monde peut faire du sport, tout en socialisant, tout en travaillant bien, mangeant bien, et ce, sans fumer ni boire. Maintenant, est-ce que ce monde nous le permet vraiment ? Et est-ce que ceux qui partagent ces injonctions se rendent compte de la difficulté que cela peut représenter ?
D’ailleurs, quand nous essayons de changer nos comportements, il arrive que l'on "craque", puis que l'on culpabilise et que l'on abandonne. Ce cercle vicieux peut nous décourager et nous donner l’impression que nous sommes incapables de changer, alors qu’en réalité, le changement est un processus fait d’essais et d’erreurs. C’est également un message que l’on renvoie peu en société : on attend de nous à ce que nous fassions tout bien d’emblée, sans mettre l’accent sur le fait que changer est un réalité un processus difficile. Encourager plutôt que stigmatiser, et valoriser plutôt que minimiser seraient donc des chemins plus intéressants à exploiter.
Quand prendre soin de soi vire au cauchemar
Évidemment, prendre soin de soi peut être compliqué par d’autres difficultés psychologiques : dépression, troubles anxieux, traumas… Nous pouvons avoir appris dans nos expériences de vie que prendre soin de nous ne sert à rien, voir que nous ne méritons pas de prendre soin de nous. Nous arrivons ici sur des cas particuliers : l’aide d’un ou d’une professionnelle de santé mentale peut s’avérer nécessaire.
Dans tous les cas, la seule réponse que nous pouvons apporter à cela est de l’empathie. Si nous n’arrivons vraiment pas à prendre soin de nous, il faut redoubler d’autant plus de bienveillance et de patience avec nous-même. Nous avons le droit de passer par des phases complexes, sans être jugé, le tout en étant accompagné par des professionnels à l’écoute et des proches aimants. Avant même de penser à arrêter de fumer ou de manger mieux, il convient d’abord d’aller explorer ces troubles psys qui nous importunent.
Allez, prends-toi ça la culpabilité !
Aujourd’hui nous nous voulions d’être déculpabilisant, pour faire suite à notre dernier article sur la culpabilité.
Évidemment, cela ne suffit pas à apaiser pleinement le ressenti de culpabilité, mais c’est déjà ça de pris. Pour ceux qui souhaitent quand même faire au mieux pour mettre en place des comportements de santé, nous verrons ensemble des petits trucs et astuces qui peuvent aider dans un prochain article. Et en attendant, autorisons-nous à souffler un bon coup !